La gratitude

Dire merci c’est prendre le temps de se sentir aimé.

C’est ressentir un moment de paix, de soulagement, de communion profonde. L’amour, la beauté ou la bonté est là. Merci ! La gratitude est le temps de la plénitude, celui de l’acceptation de soi et de la vie, un état ouvert de conscience où les tensions incessantes du quotidien s’apaisent, un état d’équilibre.

Notre monde est facilement axé sur ce qui ne va pas, ce qui divise ou ce qui heurte. Il pourrait tout autant faire le choix inverse et s’appuyer sur ce qui est beau et bon, sur ce qui fonctionne. Il pourrait choisir l’énergie et l’optimisme et s’appuyer dessus pour franchir l’obstacle mais il a tendance à faire le contraire.

Hors à chaque fois que nous nous focalisons sur l’obstacle ou la difficulté plutôt que sur le résultat à obtenir, notre énergie chute et est attirée vers la peur, la tristesse, la douleur ou la frustration. Notre énergie ralentit et nous avons moins de force et d’intuition pour trouver les solutions justes. Lorsque nous sommes dans la gratitude nous sommes en haut potentiel d’énergie et avons tout l’élan nécessaire pour améliorer les choses, les rendre belles ou utiles. Ce n’est plus la crainte mais le désir qui nous anime. Au bout du compte, nous gérerons les mêmes défis mais pas du tout de la même façon.

Dire merci c’est aussi prendre le temps de ressentir la bénédiction de la vie.

La gratitude est état d’esprit plus qu’un sentiment. Il nous fait nous rendre compte que la vie nous donne gratuitement beaucoup plus de choses qu’elle ne nous en prend. Tout d’abord elle nous offre notre existence, un cœur qui bat tout seul, une respiration continue, puis une foule de choix et d’opportunités faciles ou difficiles. Lorsque la vie est dure, l’habitude de la gratitude nous fait nous sentir vus et aimés au travers d’une multitude de petits signes: un coup de main, un sourire, une idée, une solution venue de nulle part. Lorsque la vie est plus douce l’émerveillement se trouve partout. Notre santé, nos proches, une activité, une réussite, une chanson.. Tout autour de nous est signe d’amour et de vie pour celui qui sait voir.

En fin de compte, qu’est-ce qui nous retient de sentir de la gratitude pour ce que la vie nous offre ? Serait-il indécent d’être reconnaissant sous prétexte que tout n’est pas parfait ou tel que nous le souhaitons ? Certains vont même jusqu’à dire que voir le bon côté des choses est faire preuve d’inconscience, se voiler la face, voir faire preuve d’irresponsabilité. S’inquiéter deviendrait l’attitude raisonnable pour faire correctement face aux défis de la vie.

L’inquiétude comme moteur. Une bien jolie façon de s’épanouir, non ?

Voilà où je voulais en venir.

L’occident actuel s’est construit sur l’idée ancienne d’un « homme pécheur », d’un homme « faillible et indigne » face à un Créateur aimant et Tout Puissant qui le sauve. A force d’introspection l’homme s’est mis à penser par lui même et a fini par rejeter cette sujétion imposée par le religieux et a inventé le concept de laïcité afin que chacun puisse penser et s’exprimer à sa guise. Mais force est de constater que s’est conservée dans notre inconscient « l’idée de la faute et du manque ». Et nous continuons de nous focaliser sur ce qui est mauvais, raté et douloureux plutôt que sur ce qui est beau, bon, digne et magnifique.

L’idée de notre « insuffisance » semble s’être conservée dans la psyché collective en dehors du cadre religieux.

Ne croyez pas que je sois ici en train de dénigrer l’idée de religion. Je souhaite simplement mettre en lumière une tendance négativiste et anxiogène qui est devenue naturelle chez beaucoup, au point qu’il devient socialement inacceptable de se montrer positifs et bienveillants vis à vis de soi-même et de l’autre. Hors comment se sentir fort et reconnaissant si l’on n’a pas vis à vis de soi même et de la vie une attitude bienveillante ? Comment vivre dans la gratitude si nous valorisons en premier l’inquiétude, la méfiance et la peur ?

La gratitude est à l’opposé de la peur , on pourrait presque dire qu’elle en est l’antidote. Elle est également gratuite, instantanément disponible et excellente pour la santé.

Recourir à la peur ou l’inquiétude pourrait n’être en fin de compte qu’une mauvaise habitude que la gratitude pourrait bien nous faire passer.


Je vous joins pour le plaisir une magnifique chanson de la poétesse chilienne Violetta Parra sur la gratitude, chantée ici par Mercedes Sosa.

Merci à la vie

(Traduction française)

Merci à la vie qui m’a tant donné
Elle m’a donné deux étoiles qui, lorsque je les ouvre
Me font parfaitement distinguer le noir du blanc
Et, dans les hauteurs du ciel, la voûte étoilée
Et, dans les multitudes, l’homme que j’aime 

Merci à la vie qui m’a tant donné
Elle m’a donné l’ouïe qui dans toute sa portée
Enregistre nuit et jour grillons et canaris
Marteaux et turbines, aboiements et averses
Et la voix si tendre de mon bien-aimé 

Merci à la vie qui m’a tant donné
Elle m’a donné le son et l’alphabet
Et avec lui, les mots que je pense et déclare:
Mère, ami, frère et lumière éclairant
La route de l’âme de celui que j’aime  

Merci à la vie qui m’a tant donné
Elle m’a donné la marche de mes pieds fatigués;
Avec eux j’ai foulé villes et flaques d’eau
Plages et déserts, montagnes et plaines
Et ta maison, ta rue et ton patio 

Merci à la vie qui m’a tant donné
Elle m’a donné le cœur qui agite son cadre
Quand je regarde le fruit du cerveau humain
Quand je regarde le bien si loin du mal
Quand je regarde au fond de tes yeux clairs  

Merci à la vie qui m’a tant donné
Elle m’a donné le rire et elle m’a donné les pleurs
Ainsi je distingue le bonheur de la détresse
Les deux matériaux qui forment mon chant
Et votre chant qui n’est autre que mon chant
Et le chant de tous qui est mon propre chant
Merci à la vie qui m’a tant donné.

VIOLETA PARRA

Chanté par MERCEDES SOSA

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